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Troisième Partie
Fil écorché raccomodé

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Extraits du journal intime de la princesse Violine Ildiwa Mary-Ambre Dilwendyl

Lundi dix-huit octobre, 17h30
C’est l’heure de ma leçon de piano. Amilaya va venir d’une minute à l’autre. Je n’ai pas travaillé, cette semaine, je n’aime pas le piano, et pourtant Mère m’oblige à l’apprendre, je ne sais pas pourquoi. Elle me dit que c’est indispensable pour la cérémonie qui a lieu dans six mois. Cette grande cérémonie où pour la première fois je boirais du sang humain et je deviendrais une vampire. Pour l’instant, je ne suis qu’une androgyne mi vampire mi humaine, une vaïane, et il me tarde d’appartenir pour de bon à ma caste. Fille de la reine et dernier successeur de la couronne, je n’ai pas de frères et sœurs et mes parents n’en n’ont pas non plus. C’est pour cela que cette cérémonie est très importante. Mes parents, grands parents, et le conseil tout entier a peur. A peur car la race royale des vampires est en train de s’évaporer et que je suis leur seul espoir, je dois faire beaucoup d’enfants. Sinon, les humains prendront le dessus. Je sais, enfin j’ai entendu dire, qu’ils formaient un groupe de résistance résidant dans les bas quartiers, avec des succubes. Quand je serais une vampire, je serais invulnérable, mais je ne suis encore qu’une vaïane. J’ai un peu peur, c’est vrai. Mais j’essaye de ne pas le montrer,
J’entends des pas, cela doit être Ami.

Lundi dix-huit octobre, 19h30
Ami est repartie. J’ai essayé de lui faire comprendre que cet instrument n’était pas fait pour moi, je lui ai montré comment mes doigts s’embrouillaient à chaque fois que je tentais de jouer une mélodie, et elle a paru attristée. Après une demi heure de discutions, elle m’a proposé d’abandonner le piano sans qu’il n’y aie de répercutions sur la cérémonie, ce à quoi j’ai répondu par un cri de joie, à conditions que j’apprenne à jouer d’un autre instrument. Il y en avait plusieurs qui me tentaient, Ami m’a conseillé le violon, ou le clavecin. Mais moi, je sais de quoi je veux jouer. De la flute. Comme ma grand-mère Mary-Ambre lorsqu’elle était enfant.

Lundi dix-huit octobre, 19h52
Je me sens seule. J’aimerais tellement avoir des enfants avec qui jouer, des amis, mais mes parents m’enferment dans ce château et les seuls que je peux voir, c’est ma famille et les domestiques. Mère m’a toujours dit de prendre garde aux humains mais je ne sais même pas à quoi ils ressemblent. A mon avis, ils sont tout verts. Cela doit être pratique pour nous pour les repérer.
Je vais chanter un peu, ça va me détendre et surtout faire passer le temps qui s’étire en longueur. Ca me fait penser à avant-hier. Ils m’ont mises dans un lit en disant que ça ne ferait pas mal, puis ils m’ont donné une tisane et je me suis endormie. J’ai dormi vingt quatre heures.
Ne pensons plus à tout ça. J’ai parfois l’impression d’être leur poupée de chiffon, et ça me désespère. Tout ça parce que je suis leur seule fille...

Lundi dix-huit octobre, 20h12
C’est incroyable ! Une petite fille vient d’entrer dans ma chambre ! Elle a des cheveux de neige comme les miens, lâches qui pendent dans son dos, et de grands yeux de cristal tristes. Je ne sais pas quoi faire. Je ne bouge plus à part ma main qui écrit discrètement. J’entends des pas qui se rapprochent. Elle me regarde, elle aussi, elle s’avance, la porte s'entrouvre... Ami ?

Lundi dix-huit octobre, 21h30
Tout le monde est dehors en une foule compacte, j’ai réussi à rentrer dans ma chambre et à fermer ma porte à double tour pour ne pas être dérangée. C’est incroyable. Elle m’a sauvé la vie. Il est arrivé, il était grand et il avait un manteau noir, il est entré dans ma chambre qui n’était pas fermée, je pensais que c’était Ami qui revenait alors je n’ai pas bronché. Il avait un couteau dans la main. J’ai voulu crier mais je n’ai pas pu. Il s’est avancé dangereusement, et là il a braqué la lumière censée m’affaiblir pour que je ne résiste pas, du moins je pense, sur mon visage, sauf qu’entre temps elle s’était interposée. Son médaillon en cristal a bu la lumière, c’était incroyable, et avant qu’il n’aie le temps de réagir, le rayon décuplé lui est arrivé en pleine face et il a hurlé de douleur.
C’était un succube, on s’en est rendus compte en examinant son cou qui portait des traces de dents, comme s’il avait été mordu.
J’ai le cœur qui bat fort. Je viens d’échapper à la mort.
Et Mère inquiète a décidé que je courrais un trop gros risque. Elle a fait avancer la date de la cérémonie. On n’a pas le droit normalement mais là c’est un cas d’urgence.
Elle a lieu demain.

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